Si le test de paternité est fiable à plus de 99 %, il est cependant utile de noter que le fait de procéder à des analyses génétiques peut quelquefois s’avérer périlleux. Voici l’exemple de Georges Doe qui est un biologiste spécialiste des cellules souches et de la reproduction. Ce scientifique décide un jour de tenter l’expérience de faire un test salivaire qu’il trouve dans le commerce. Comme la famille de Doe a des antécédents de cancers du colon, le savant prend l’initiative d’envoyer d’autres kits à ses parents. Ceux-ci effectuent le test à leur tour et expédient leur échantillon en même temps que Georges. Le résultat est satisfaisant pour la famille Doe en ce qui concerne les risques de cette maladie dangereuse.Mais le test adn a mis au jour une nouvelle pour le moins inattendue. En effet, il est apparu à partir de ce test que Georges a une personne qui partage le même génotype que lui. Cela signifie en clair que cet individu est de sa famille. Car l’entreprise qui a réalisé le test a confronté le résultat avec sa base de données, ce qui lui a permis de communiquer à Georges l’existence de Thomas avec qui il partage 50 % de son patrimoine génétique. Après avoir entrepris quelques recherches, Georges découvre que Thomas est en réalité son demi-frère. À l’annonce de cette nouvelle, ses parents se sont séparés et la famille Doe s’est disloquée.
Test adn : loin d’être une panacée pour certains
Il apparait donc que le fait de passer un test adn est loin d’être un acte anodin et que les conséquences peuvent parfois être désastreuses pour les membres d’une même famille. Certains spécialistes estiment même que le résultat est dans certains cas aux antipodes des attentes de ceux qui initient le test de paternité. En tout cas, c’est ce que pense Jean-Jacques Cassiman qui est le directeur du Centre de génétique humaine de l’université de Louvain en Belgique. Pour lui, il y a un grand risque que les conséquences de la mise à la disposition du public de la vérité biologique révélée par le test de paternité soient le contraire des attentes. Ce chercheur dont la réputation dépasse les frontières du plat pays s’érige donc contre la banalisation sans contrôle du test adn. En effet, selon ses affirmations, le recours à ce genre de test adn ne fera que déplacer ou encore amplifier le problème initial.
Et il n’est pas le seul à redouter les conséquences d’une éventuelle libéralisation du test de paternité en France, comme c’est cas dans quasiment dans toute l’Europe. En tant que président du Comité consultatif national d’éthique, le docteur Didier Sicard craint également que la paternité biologique ne devienne surévaluée si la procédure pour faire test ADN est simplifiée. Pour lui, la filiation biologique risque de devenir beaucoup trop importante par rapport à la filiation sociale si une telle éventualité survient. Car il estime que la paternité sociale présente plusieurs avantages qu’il est primordial de préserver. Non seulement cette dernière est multiple, ouverte, complexe, mais elle permet en outre de contourner la réalité humaine dans de nombreux cas.
Risque de voir la famille voler en éclats
De nos jours, la plupart des adultes savent comment faire un test de paternité. En effet, grâce au développement d’Internet, il est très facile de commander un test de paternité dans un laboratoire étranger. Or, ce genre de démarche n’est pas du tout légal et les résultats obtenus par cette voie ne sont pas reconnus par la justice française. D’ailleurs, si une famille décide de réaliser un test ADN prénatal sans l’aval d’un juge afin de déterminer qui est vraiment le père d’un enfant, il est possible que les parents divorcent si ceux-ci découvrent que celui qui élève l’enfant n’en est pas le père biologique. Et même s’ils ne divorcent pas, ce sujet risque d’être un permanent foyer de tension entre eux.